Qu’est-ce qu’implique de prendre de la PrEP ?
La PrEP repose sur la prise d’un médicament antirétroviral, l’Emtricitabine / Tenofovir disoproxil, tous les jours ou autour des rapports sexuels. A court terme et dans de rares cas ce traitement peut provoquer des effets indésirables tels que nausées et vomissements. Des effets secondaires rares sur le long terme sont également connus et nécessitent un suivi médical pour mieux les anticiper. Il peut s’agir par exemple d’une altération de la fonction rénale ou une baisse de la densité minérale osseuse, effets réversibles à l’arrêt du traitement. Ce suivi incluant des rendez-vous avec un médecin au moins tous les trois mois et des dépistages du VIH, des autres Infections Sexuellement Transmissibles et des hépatites.
Est-ce que la PrEP protège aussi des autres IST et des hépatites ?
La PrEP ne protège pas des autres IST telles que les chlamydias, la syphilis, les gonocoques ou des hépatites. Le médicament comprend en effet deux molécules actives uniquement contre le VIH.
Les rendez vous avec votre médecin PrEP sont l’occasion de mettre à jour vos vaccinations, notamment contre les hépatites A et B, les papillomavirus, le méningocoque de type C. Les dépistages régulier des IST prévu dans le protocole PrEP permettent de prendre en charge ces infections avant qu’elles n’aient de conséquences négatives sur la santé et de limiter leur propagation à des partenaires.
Bien que le médicament utilisé en PrEP, l’Emtricitabine / Tenofovir disoproxil peut également être utilisé dans le traitement des personnes vivant avec le virus de l’hépatite B, il n’a jamais été démontré un effet préventif contre une éventuelle contamination par ce virus. Un vaccin contre l’hépatite B existe et est accessible en France, n’hésitez pas à vous renseigner auprès de votre médecin.
Quelle est l’efficacité de la PrEP pour réduire le risque de contracter le VIH ?
Dans les essais cliniques, la PrEP a démontré son efficacité à réduire le risque de contracter le VIH lorsque le schéma de prise du médicament était strictement respecté. En d’autres termes, aucune contamination n’a été observée chez les personnes qui prenaient correctement le médicament. Lorsque le traitement n’était pas pris ou que les prises telles qu’indiquées par le médecin n’étaient pas respectées, l’efficacité était alors réduite et des contaminations ont été observées.
Ainsi la réduction du risque moyenne, c’est-à-dire lorsqu’on regarde les participants du groupe dans leur ensemble indépendamment du fait qu’elles respectaient ou non le schéma de prise, dans les différents essais était de :
- 86% dans l’essai Ipergay (IC95% : 40-99, p=0.002)
- 86% dans l’essai PROUD (IC90% : 64-96, p=0.0001)
- 75% dans l’essai PARTNERS, pour le bras Truvada® (IC95% : 54-86%, p=<0.0001)
Pour l’essai Ipergay, par exemple, cela signifie qu’une personne voyait en moyenne son risque de contracter le VIH réduit de 86% si elle appartenait au groupe test par rapport à une personne appartenant au groupe placebo. Les participants du groupe qui recevait le Truvada® qui sont devenus séropositifs avaient arrêté de prendre le médicament plusieurs semaines avant l’infection.
Dans la vraie vie la PrEP confirme sa très grande efficacité, les cas d’infection au VIH dans le monde se comptant sur les doigts d’une main.
A quelle fréquence dois-je me faire dépister pour le VIH lorsque je rentre dans un parcours de PrEP ?
Des tests de dépistage seront effectués lors des premières visites médicales pour bénéficier de la PrEP puis au moins tous les trois mois. En effet, il est important de dépister de manière précoce une éventuelle infection par le VIH qui se produirait malgré la PrEP, pour adapter le traitement, le renforcer et ainsi éviter le développement de virus résistants.
Je suis un homme gay/bi et/ou une femme transgenre; est-ce que la PrEP marche pour moi ?
Différents essais cliniques ont démontré l’efficacité de la PrEP indifféremment de l’identité de genre et de l’orientation sexuelle.
Je suis une femme ou un homme trans et je prends des hormones : est-ce que la PrEP marche pour moi ?
Aucune interaction avec les hormones pouvant affecter l’efficacité de la PrEP n’a été documentée à ce jour. Il n’existe pas de contre-indication médicale liée à la prise d’hormone.
Je suis un usager de produits psychoactifs. Est-ce que la PrEP marche pour moi ?
Bien que les interactions entre les produits psychoactifs et les médicaments antirétroviraux sont mal connus à ce jour, leur consommation n’a pas été associé à une baisse de l’efficacité de la PrEP dans les essais cliniques.
J’utilise systématiquement le préservatif. Est-ce que la PrEP est adaptée ?
La PrEP est un outil destiné essentiellement aux personnes qui n’utilisent pas ou pas systématiquement de préservatifs lors de leurs rapports sexuels. Toutefois, il est tout à fait possible d’utiliser la PrEP en complément du préservatif, notamment si l’on fait partie d’une communauté particulièrement exposée au VIH (hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, personnes trans, travailleu-r-se-s du sexe,…)
Contrairement au préservatif, la PrEP n’offre aucune protection contre les autres Infections Sexuellement Transmissibles et les hépatites.
Quels sont les médicaments utilisés pour la PrEP ?
Le seul médicament indiqué pour un usage en PrEP à ce jour est l’association de deux molécules antirétrovirales : l’Emtricitabine et le Ténofovir disoproxil. Il est connu sous le nom commercial Truvada®, mais aujourd’hui ce sont des génériques qui sont le plus souvent utilisés. Leur efficacité est identique au médicament original et ils permettent des économies importantes pour le système de santé.
Il s’agit d’un médicament antirétroviral hautement actif contre le VIH utilisé depuis de nombreuses années dans les combinaisons thérapeutiques des personnes vivant avec le VIH, en association avec au moins une autre molécule. Le Truvada® est reconnu pour son faible niveau d’épisodes d’effets indésirables. Son usage nécessite néanmoins un suivi régulier par un médecin.
Que se passe-t-il si je contracte le VIH alors que je suis sous PrEP ?
Il peut arriver que des personnes deviennent séropositives au VIH alors qu’elles sont sous PrEP, principalement en raison d’oubli de prise ou alors au moment où la PrEP est initiée, si la contamination s’est produite quelques jours avant et n’a ainsi pas pu être décelée par un test de dépistage.
Bien qu’étant un antirétroviral, l’Emtricitabine / Tenofovir disoproxil est une bithérapie qui ne suffit pas à elle seule dans le traitement du VIH chez les personnes infectées. Aussi le risque principal est que se développe des virus résistants à l’une ou deux des molécules et que ce traitement ne puisse ainsi plus être utilisé par la suite dans les combinaisons thérapeutiques.
J’ai entendu dire que des personnes se sont contaminées sous PrEP…
A fin 2019, cinq cas ont été documentés de contaminations au VIH sous PrEP. Celles-ci étaient liées à un virus muté et résistant aux deux molécules Emtricitabine et Tenofovir disoproxil. A l’image d’une capote qui craque, le bon usage de l’outil de prévention n’a pas permis de protéger les personnes face à un virus résistant. Il s’agit néanmoins de situations excessivement rares et qui rappellent l’intérêt d’un dépistage régulier des personnes sous PrEP pour détecter précocement de tels cas pour proposer un traitement adapté.
Si je prends de la PrEP, cela signifie-t-il que je dois en prendre le reste de ma vie ?
Non. A tout moment vous pouvez décider d’arrêter/reprendre de la PrEP si votre exposition au VIH varie.
Attention, si vous avez arrêté la PrEP et n’avez pas effectué de suivi médical depuis plus de 3 mois, consultez à nouveau votre médecin avant de reprendre la PrEP
Si j’arrête d’utiliser de la PrEP, est-ce que je serai plus susceptible de contracter le VIH que je ne l’étais avant de commencer ?
La PrEP se base sur l’usage d’un médicament à action directe contre le VIH. Par conséquent, il ne renforce pas ni n’affecte pas les capacités de l’organisme à se défendre contre le virus.
Si vous décidez d’arrêter la PrEP, il faudra toutefois être vigilant aux stratégies de prévention que vous utiliserez après cet arrêt. N’hésitez pas à en discuter avec votre médecin ou une association de lutte contre le VIH.
Je suis mineur. Puis-je bénéficier de la PrEP ?
Oui, la prescription est possible à partir de l’âge de 15 ans.
Je pense avoir été exposé à un risque de contracter le VIH. Est-ce que la PrEP est appropriée ?
En cas de prise de risque récente, la PrEP ne peut pas constituer une réponse appropriée. Si le risque est inférieur à 48h (ou 72h selon les pays), il convient de vous rendre au plus vite aux urgences ou dans un service de maladies infectieuses pour évaluer avec un médecin l’opportunité de prendre un « traitement post-exposition ».
Si vous êtes fréquemment exposé à un risque de contracter le VIH, la PrEP peut être une option pour réduire ce risque.
Mon partenaire est séropositif au VIH et je suis séronégatif. Est-ce que la PrEP est adaptée à ma situation ?
Cela dépend de nombreux paramètres : l’histoire médical du partenaire vivant avec le VIH, les éventuels partenaires en dehors du couple, l’utilisation de préservatifs… Un rendez-vous avec un médecin permettra d’évaluer l’opportunité pour le partenaire séronégatif de recourir à la PrEP.
Sachez toutefois qu’une personne vivant avec le VIH prenant son traitement régulièrement et ayant une charge virale indétectable depuis au moins 6 mois ne peut pas transmettre le VIH à ses partenaires
Mon partenaire est séropositif et prend des médicaments contre le VIH. Est-ce que ma PrEP risque d’interagir avec ses médicaments ?
Il n’y a pas de risque d’interaction entre la PrEP et les médicaments de votre partenaire.
Il est important de veiller à ne pas interchanger les médicaments et prendre celui de l’autre.
J’ai entendu dire qu’on pouvait prendre un traitement pendant 28 jours juste après avoir été exposé à un risque de contracter le VIH (Prophylaxie post-exposition). Est-ce que c’est la même chose que la PrEP ?
Il s’agit de deux stratégies biomédicales basées sur l’usage d’antirétroviraux pour réduire le risque de contracter le VIH. Dans un cas, celui de la PrEP, il s’agit d’un traitement à prendre avant et après une période d’exposition pour anticiper un éventuel risque. L’organisme contient alors suffisamment de médicament pour empêcher l’entrée éventuelle du VIH.
Dans l’autre, celui de la prophylaxie post-exposition, il s’agit d’un traitement d’urgence à prendre en cas de risque qui n’avait pas été anticipé, à initier au plus tard sous 48h après une exposition à un risque de contracter le VIH et pour une durée de 28 jours.
Il s’agit de la même différence qu’il peut y avoir entre une pilule contraceptive à prendre quotidiennement et une pilule du lendemain que l’on prend si le rapport sexuel n’était pas protégé par une autre méthode contraceptive.
Mon pharmacien m’a délivré un médicament générique, est ce que ça fonctionne aussi bien ?
Les médicaments génériques contiennent les mêmes molécules actives que le médicament original, l’efficacité est donc la même. La forme, la couleur, la taille peuvent être différentes, l’important est de bien vérifier sur la boîte que vous avez reçu des comprimés contenant de l’Emtricitabine et du Tenofovir disoproxil (rien de plus, rien de moins).