Vous envisagez de prendre de la PrEP ?
Vous trouverez ici des informations utiles sur les modalités d’accès à la PrEP en France et quelques réponses à des questions que vous pourriez avoir.
Comment dois-je procéder pour accéder à la PrEP ?
L’accès à la PrEP est possible en France en prenant rendez-vous dans un service hospitalier spécialisé dans la prise en charge du VIH ou dans l’un des Centres Gratuits d’Information, de Dépistage et de Diagnostic (CEGIDD, ex-CDAG) présents dans tous les départements. Vous pouvez consulter sur ce site la carte des consultations dédiées à la PrEP.
Un médecin évaluera alors avec vous l’opportunité et la possibilité de prendre de la PrEP. N’hésitez pas à préparer votre visite en lisant le guide de la PrEP ou en discutant sur le groupe Facebook PrEP’Dial.
S’agissant d’une prise en charge médicale, il est important de venir muni de sa carte vitale et de sa mutuelle ou d’être en mesure de justifier de droits sécurité sociale (AME, CMU…).
Si la première ordonnance doit être établie à l’hôpital ou en CEGIDD et que le patient doit justifier chaque année d’au moins une ordonnance par un médecin spécialiste du VIH, le renouvellement des ordonnances en cours d’année est possible par le médecin généraliste.
Quelles sont les contre-indications médicales ?
L’initiation d’un traitement par Emtricitabine / Tenofovir disoproxil dans le cadre de la PrEP est contre-indiquée en cas de :
- Séropositivité au VIH ou sérologie VIH inconnue,
- Présence de signes ou symptômes d’infection aiguë par le VIH (signes grippaux, ganglions, etc.),
- Troubles rénaux caractérisés par une clairance à la créatinine < 50 ml/min,
- Allaitement,
- Hypersensibilité à l’un des principes actifs ou des excipients du produit.
Par ailleurs les personnes porteuses du virus de l’hépatite B doivent se voir proposer un schéma de prise quotidien de la PrEP.
Dans quel délais puis-je obtenir la PrEP ?
La première consultation (J0) ne donne pas lieu en général à prescription d’Emtricitabine / Tenofovir disoproxil. En effet, des examens sont nécessaires pour vérifier entre autre que l’on n’est pas déjà porteur du VIH. Les délais entre le premier rendez-vous et la première prescription sont d’environ trois semaines à un mois.
Afin d’accélérer la mise sous PrEP, certaines consultations dédiées vous proposent de venir lors du premier rendez-vous avec les résultats des analyses requises pour la prescription d’Emtricitabine / Tenofovir disoproxil, en vous faisant parvenir suffisamment à l’avance l’ordonnance des examens à réaliser.
A quelle fréquence dois-je me rendre chez le médecin si je prends de la PrEP ?
Un rendez-vous un mois après la première prescription (M1) sera convenu pour surveiller la tolérance au médicament et dépister d’éventuelles Infections Sexuellement Transmissibles afin de les traiter au plus tôt et éviter leur complication.
Le suivi du protocole implique enfin de se rendre chez le médecin tous les trois mois au moins pour procéder aux mêmes analyses. Ces visites de contrôle peuvent être effectuées par votre médecin traitant. Il est toutefois nécessaire de consulter une fois par an un infectiologue à l’hôpital ou en CeGIDD.
A quoi ressembleront mes visites chez le médecin ?
La première visite sera l’occasion d’un échange avec le médecin sur vos pratiques, votre santé sexuelle en général et vos motivations à prendre de la PrEP. Le médecin vérifiera par ailleurs au travers de questions, d’un examen clinique et d’une prise de sang une éventuelle contre-indication médicale.
Les consultations tous les trois mois permettent de faire le point avec le médecin, bénéficier de conseils ou d’accompagnement et réaliser des tests biologiques afin de surveiller la tolérance au médicament et de dépister d’éventuelles Infections Sexuellement Transmissibles afin de les traiter au plus tôt et éviter leur complication.
Concrètement comment ça se passera au quotidien ?
Selon votre situation, le médecin vous proposera deux schémas de prise de la PrEP :
- En continu, c’est-à-dire qu’un comprimé doit être pris toutes les 24h ;
- A la demande, c’est-à-dire que l’Emtricitabine / Tenofovir disoproxil doit être pris au plus tôt 24h et au plus tard 2h avant un rapport sexuel puis toutes les 24h tant que l’activité sexuelle se poursuit. Si l’activité sexuelle s’arrête, un comprimé doit être pris 24h puis un autre 48h après la prise qui précède le dernier rapport.
Ce dernier schéma est adapté notamment aux personnes qui anticipent les rapports sexuels qu’ils souhaitent protéger par la PrEP (par exemple au cours du weekend ou des vacances). Il n’a néanmoins été validé dans un essai clinique que chez les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes et les personnes transgenres ayant des relations anales avec des hommes.
Le médecin et/ou l’accompagnateur communautaire, comme un militant de AIDES, sont disponibles pour discuter en détail des modalités de prise du médicament. N’hésitez pas non plus à partager à ce sujet sur le groupe Facebook PrEP’Dial.
Quand la PrEP devient-elle efficace après avoir commencé à la prendre ?
Dans les essais de PrEP en continu, on a considéré que l’efficacité préventive était obtenue au bout de 7 jours de prise quotidienne. C’est le seul mode de prise possible pour les personnes souhaitant protéger des rapports vaginaux réceptifs. En effet, le médicament met plus de temps à pénétrer les tissus vaginaux.
Dans l’essai Ipergay de PrEP à la demande chez les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes et les personnes transgenres ayant des relations anales avec des hommes, l’efficacité préventive était obtenue lorsque 2 comprimés étaient pris au plus tard deux heures avant le rapport sexuel.
Aussi les médecins qui respectent strictement la littérature scientifique pourront vous indiquer, si vous êtes dans un schéma en continu de prise quotidienne, de vous tenir à une abstinence ou un strict usage du préservatif pour tous vos rapports (pénétration, fellation…) durant 7 jours. Si vous êtes un hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes ou une personnes transgenres ayant des relations anales avec des hommes, d’autres médecins plus souples pourront vous dire que la prise de deux cachets 2h avant suffisent, que vous soyez dans un schéma en continu ou à la demande.
Que se passe-t-il si j’arrête de prendre de la PrEP et que j’en reprends de nouveau plus tard ?
Si la PrEP est interrompue, le médicament va progressivement disparaitre de l’organisme qui sera alors vulnérable à une infection par le VIH en cas d’exposition. Au moment de reprendre la PrEP, il est important de respecter les indications de la prescription lorsqu’un certain nombre de jours se sont écoulés depuis la dernière prise. Par exemple, dans un schéma à la demande, si aucun comprimé n’a été pris durant les 7 jours précédents, deux comprimés doivent être pris d’un coup lors de la première prise.
Si j’utilise de la PrEP, dois-je toujours utiliser des préservatifs ?
La PrEP et le préservatif sont deux outils complémentaires : lorsqu’ils sont correctement utilisés, chacun d’eux protège d’une infection par le VIH.
Le préservatif est un outil qui protège aussi des autres Infections Sexuellement Transmissibles et des hépatites lorsqu’il est utilisé pour toutes les pratiques sexuelles (fellation, pénétration).
L’usage ou non de l’un ou de l’autre de ces deux outils est une décision propre à chacun et à chaque situation pouvant présenter un risque, pour le VIH, les autres IST et les hépatites.
Que se passe-t-il si j’attrape le VIH alors que je suis sous PrEP ?
Il est arrivé que des personnes attrapent le VIH alors qu’elles étaient sous PrEP. Cela se produit notamment en cas de niveau insuffisant de PrEP dans l’organisme en raison de prises insuffisantes ou d’oublis ou d’une rencontre avec un virus résistant aux médicaments (1) (2). Un cas de contamination sous PrEP malgré un niveau suffisant de médicament et avec un virus sans mutation de résistances a également été documenté (3). Il arrive enfin que le test du VIH qui a été pratiqué avant d’initier la PrEP n’a pas permis d’identifier une contamination très récente.
Bien qu’étant un antirétroviral, le médicament utilisé pour la PrEP ne doit pas être pris tout seul dans le traitement du VIH chez une personne infectée. Il y a en effet un risque que le virus développe des résistances à l’une des deux molécules contenues dans le médicament. C’est pourquoi il est indispensable de procéder à des dépistages réguliers du VIH et des IST lorsqu’on prend de la PrEP afin de pouvoir bénéficier rapidement d’un traitement adapté.
Prise en charge de manière précoce, une infection par le VIH permet la mise sous traitement antirétroviral pour un contrôle du virus. Le guide « Vie Positive » (télécharger .pdf) édité par l’association AIDES propose de l’information utile et des témoignages sur le vécu avec le VIH.
Est-ce que la PrEP me protège des autres IST et des hépatites ?
La PrEP ne protège pas des autres IST telles que les chlamydiae, la syphilis, la blennorragie ou des hépatites. Le médicament comprend en effet deux molécules actives contre le VIH dont l’action préventive contre d’autres IST ou les hépatites n’a pas été démontrée.
Le suivi médical nécessaire au bon usage de la PrEP doit permettre de dépister et traiter au plus tôt une éventuelle Infection Sexuellement Transmissible pour limiter le risque de complication et sa transmission.
Bien que le médicament utilisé en PrEP est également utilisé dans le traitement des personnes vivant avec le virus de l’hépatite B, il n’a jamais été démontré un effet préventif contre une éventuelle contamination par ce virus. Un vaccin contre l’hépatite B existe et est accessible en France, renseignez-vous auprès de votre médecin, dans un Centre Gratuit d’Information et de Dépistage des IST (CEGIDD) ou un centre de vaccination à proximité de chez vous.
Comment savoir si les comprimés que je prends pour la PrEP fonctionnent ?
Pour être efficace, il faut que les molécules contenues dans le médicament utilisé en PrEP soient présentes à un niveau de concentration suffisant dans l’organisme. Lors des rendez-vous médicaux, le médecin pourra éventuellement procéder à un dosage du médicament par une prise de sang.
J’ai parlé de la PrEP à mon médecin et il a refusé de m’en prescrire car il ignore ce que c’est. Qu’est-ce que je peux faire ?
Il peut arriver que des médecins ignorent cette stratégie de prévention s’ils ne sont pas confrontés régulièrement à des patients susceptibles de l’utiliser. N’hésitez pas à leur donner l’adresse de ce site sur lequel une section est consacrée aux professionnels de santé.
Seuls les médecins expérimentés dans la prise en charge du VIH et rattachés à un service hospitalier peuvent prescrire de la PrEP pour la première fois. Le médecin traitant ou tout autre médecin ne sont habilités que pour le renouvellent de l’ordonnance.
Si vous rencontrez des difficultés à accéder à la PrEP avec un médecin expérimenté dans la prise en charge du VIH, n’hésitez pas à contacter l’association AIDES sur [email protected].
J’ai des amis qui prennent des médicaments contre le VIH (antirétroviraux). Est-ce que je peux leur prendre des comprimés pour les utiliser en PrEP ? C’est la même chose, non ?
Seule la combinaison des molécules contenues dans le Truvada®, à savoir le Ténofovir et l’Emtricitabine, sont recommandées pour un usage en PrEP. Or il existe une multitude de traitements contre le VIH très différents les uns des autres et n’agissant pas de la même manière. Certains présentent aussi un risque élevé d’allergie, d’interactions médicamenteuses ou de surdosage lors de prises de drogues récréatives. Il est donc fortement déconseillé d’utiliser les comprimés d’une personne prenant des antirétroviraux pour le traitement d’une infection par le VIH.
Est-ce que la sécurité sociale va prendre en charge ma PrEP ?
La sécurité sociale prend en charge l’Emtricitabine / Tenofovir disoproxil, le seul médicament accessible en PrEP en France à ce jour à 100%. Les consultations ainsi que les analyses sont remboursées de manière classique (sécu + mutuelle).
Les personnes bénéficiant de l’Aide Médicale d’Etat peuvent également accéder à la PrEP dans les mêmes conditions et selon les mêmes critères. Si vous n’avez pas mutuelle ou que le reste à charge est trop important, renseignez vous auprès de votre CeGIDD qui peut prendre en charge ces frais.
Je n’ai pas de droits sécurité sociale, comment puis-je obtenir de la PrEP ?
Les CeGIDD peuvent prendre en charge les consultations, analyses et les comprimés pour les personnes en attente de couverture sociale. Contactez le centre le plus proche de chez vous pour connaitre les modalités de cette prise en charge. En cas de difficultés n’hésitez pas à contacter l’association AIDES pour en discuter sur [email protected].
J’hésite à parler de la PrEP à mon médecin. Comment puis-je aborder le sujet ?
Prendre de la PrEP c’est vouloir prendre soin de sa santé et de celle de ses partenaires, quelques soient les situations qui peuvent amener une personne à entrer dans cette démarche. Votre médecin se doit d’accueillir ses patients dans un cadre non jugeant et respectueux des pratiques de chacun. Si vous ne savez pas comment aborder le sujet avec votre médecin, n’hésitez pas à consulter la carte des consultations dédiées à la PrEP dans lesquelles vous trouverez les adresses où rencontrer des équipes médicales expérimentés et compétents dans ce domaine.
Vous pouvez aussi donner à votre médecin l’adresse de ce site qui comprend une page dédiée aux professionnels de santé.
Par ailleurs, seul un médecin expérimenté dans la prise en charge du VIH, à l’hôpital ou dans l’un des Centres Gratuits d’Information, de Dépistage et de Diagnostic (CEGIDD, ex-CDAG) de votre département, est habilité à prescrire de la PrEP pour la première fois.
Références
(1) Grossman H et al. Newly Acquired HIV-1 Infection with Multi-Drug Resistant (MDR) HIV-1 in a Patient on TDF/FTC-based PrEP. HIV Research for Prevention (HIVR4P) 2016 conference, Chicago, October 2016, abstract OA03.06LB. / Lire aussi les explications claires est en français de Charles Roncier sur http://vih.org/20161027/nouveaux-cas-contamination-souche-multiresistante-sous-prep/138694
(2) David C. Knox & al., HIV-1 Infection With Multiclass Resistance Despite Preexposure Prophylaxis (PrEP), CROI, 2016 / Lire aussi les explications claires et en français de Charles Roncier sur http://vih.org/20160302/cas-contamination-sous-prep-et-quil-nous-apprend/137844
(3) Hoornenborg E, de Bree GJ Acute infection with a wild-type HIV-1 virus in a PrEP user with high TDF levels. Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections (CROI 2017), Seattle, abstract 953, 2017.